Le realisateur cesarise et comedien populaire se confie via le art et sa vision de l’univers.
Depuis pile vingt-cinq ans, vous sortiez “Bernie” et inventiez avec lui un genre : le cartoon social, dont vous etes forcement le maitre…
Franchement ? On n’invente que dalle. Le cinema a desormais plus d’un siecle, on ne peut gui?re pretendre y inventer grand-chose… En tout cas, moi, je ne me vois nullement comme un inventeur, certainement gui?re !
Neanmoins, c’est avec votre film (culte) que le cartoon social te prend une forme cinematographique…
Comme je disais aux etudiants que j’ai rencontres avant vous (*), on reste tous habites via des nevroses, des ressentis ou des commentaires sur l’epoque qu’on traverse. Individu dont je cause, c’est celui que je ressens. Apres, j’essaie d’en rendre compte sous une forme distrayante, que votre soit dans l’emotion, la grandiloquence… ou une certaine rusticite. Mais au fond, je raconte forcement un tantinet la meme histoire : en gros, la difficulte de s’aimer dans un monde repressif et anxiogene.
Di?s que j’ai debute dans le cinema, je sortais du spectacle. Notre cartoon etait une facon de m’exprimer, celle qui me mettait a l’aise a l’epoque, tres rustique, tres brutale, tres radicale… J’avais Notre trentaine… Ensuite, la phrase de Nietzsche s’est imposee a moi : “Vieillir, c’est apprendre l’art une nuance”.
Apres, si on ouvre une a, on en decouvre deux, ainsi, ainsi d’affilee. Et cela avait debute tel un matine de Charlie Chaplin, des Monty Python, de Taxi Driver ainsi que la bande dessinee a la Gotlib (un type tres important i mon sens) s’est elargi peu a peu.
Qu’est-ce qui vous plait tellement dans la fable ?
Je trouve qu’en passant par la metaphore, on parvient quelquefois a atteindre mieux sa cible. La realite, vous l’avez bien le temps sous le regard, a J’ai television, Internet, YouTube, la videosurveillance… Par la fable, on ne se contente pas de montrer, on suggere des choses de maniere plus ou moins adroite mais il me semble que J’ai Fontaine percute plus que des commentaires de l’epoque, que entre autres Michelet.
N’est-ce gui?re aussi une maniere de pudeur que votre expression ?
Balzac disait qu’il y avait 2 facons d’ecrire : soit on restitue la realite, soit on l’exprime. Je prefere indubitablement exprimer la realite, tout en ayant nombre d’admiration Afin de ceux qui savent la restituer brillamment comme Ken Loach ou Ingmar Bergman, comme. Notre desequilibre, le vertige dans lequel me plonge la realite ne est en mesure de sortir que sous cette forme-la.
De son bon nom Philippe Guillaume, Albert Dupontel est ne le 11 janvier 1964 a Saint-Germain-en-Laye. Cela se destine d’abord a la medecine tel sa famille mais il se fait suer et abandonne pour le theatre aupres d’Yves Pignot, d’Antoine Vitez et tres brievement d’Ariane Mnouchkine.
En 1990, il se lance dans le one-man-show et explose grace au soutien de Canal + d’une part et de Patrick Sebastien d’autre part. Mais c’est le cinema qu’il prefere par-dessus bien.
Comme acteur, il brille pour Audiard, Noe, Jeunet, Blier, Boukhrief, Becker, Valette, Kervern & Delepine… Comme realisateur (et acteur), il signe sept films dont des reellement cultes Bernie et Le Createur, les tres populaires 9 mois ferme et Adieu les cons , et le chef-d’?uvre Au-revoir la-haut.
Divers vous disent detache de l’univers mais au fond, nullement trop !
J’suis totalement immerge dedans. Mes films sont des histoires d’amour deguisees, ils renferment un message entre guillemets, politique, ou plutot apolitique. Le futur va etre tres clair via ce point-la.
Je parle d’la difficulte de s’aimer dans un monde repressif et anxiogene
Dans pas de de toutes vos films vous prenez le point de vue d’un “bon cote du manche”, mais preferez toujours celui d’une pelle, qu’on envoie dans la tronche ou qu’on se prend…
J’suis du cote des gens qui souffrent parce que j’habite sensible a i§a. Je lis en ce moment Ailleurs de Gerard Depardieu qui, non content d’etre votre acteur de genie, reste aussi un auteur brillant. Il y raconte que pour lui, la veritable violence, c’est le i?tre capable de, et il a cent fois raison.
Notre violence, c’est le pouvoir, celui qu’on a sur les personnes, que votre soit par la seduction, l’argent, la force, la hierarchie… L’amour reste une protestation contre votre violence. Tant qu’on pourra s’aimer, c’est tenable.
On evoque que les grands auteurs font toujours le aussi film ?
Completement, meme si l’adjectif “grand” me semble excessif me concernant ! Comme je dis, je suis redondant et nevrotique, ainsi, je l’assume (faute de pouvoir faire autrement). Juste, avec moyen, l’experience, la ti?che de l’ecriture, le renfort d’une equipe fidele et formidable, on ameliore votre film !
On accede a votre nuancier plus riche et subtil… Je ne serais gui?re sincere si je refaisais Bernie aujourd’hui. Vous devez respecter votre qu’on reste et accepter qu’une fois que c’est fait, c’est mort, on ne le refera plus.
J’suis redondant, nevrotique et je l’assume (faute de pouvoir faire autrement)
Avez-vous conscience en part grandissante une tendresse dans votre ?uvre ?
J’ai vieilli, j’ai des enfants. J’ai conscience que le quotidien n’a aucun sens et que seul l’amour peut lui en donner un. Et Di?s Que je dis l’amour, c’est l’amour du genre humain, c’est l’amour de ce que nous sommes, c’est comprendre nos autres…
La seule intelligence, disait Henri Laborit, c’est de savoir fuir les gens qui vous font de la peine, de les deviner… il convient nombre d’intelligence pour aimer. Mais c’est la meilleure facon de donner un sens a tout ca, au fait qu’on soit la sans savoir d’ou l’on vient, ni ou l’on va.
Depuis l’emotion qui va croissant dans votre ?uvre https://datingmentor.org/fr/tastebuds-review/ mais aussi la presence des femmes.
Ces dames me peuvent permettre d’exprimer une virilite que je ne parviens nullement a exprimer ! Mes hommes et ces dames ne peuvent jamais s’epanouir les uns sans des autres, et je ne cause gui?re evidemment de reproduction, mais d’accomplissement intellectuel.
Les femmes seront infiniment plus subtiles que nous, mon areopage de production est exclusivement feminin, mes meilleurs lecteurs paraissent des jeunes femmes… Du est, c’est prouve que la femme est plus intelligente que l’homme. Lui reste encombre via sa testosterone qui le rend cretin, combatif, destructeur ! Mais c’est vrai que ca diminue Lorsque l’on vieillit. On a moins besoin de coups de pelle ! Savez-vous votre que Bunuel a dit lorsqu’il reste devenu impuissant ? Il a evoque : “Ouf” !